Par Bruno Bamberger, stratégiste Core Solutions chez AXA IM
Ce qui se mesure est gérable. Si ce constat s’est progressivement imposé dans le domaine de l’investissement responsable, une gestion réfléchie et analytique reste nécessaire pour donner un sens à des données de qualité variable et à des comparaisons difficiles.
Pour certaines problématiques, il existe des indicateurs simples. Par exemple, nous pouvons comparer directement la diversité hommes-femmes au sein des conseils d’administration. Nous pouvons également éviter les entreprises impliquées dans de graves controverses en utilisant des données fiables fournies par des tiers. Mais pour investir de manière vraiment responsable, il convient de puiser dans des sources multiples, d’examiner et d’évaluer la crédibilité des prestataires externes, tout en développant un processus d’analyse robuste en interne.
Tandis que les données concernant les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) faisaient autrefois parfois défaut, de multiples informations sont aujourd’hui dignes d’intérêt. Cependant, il n’existe toujours pas de règles strictes définissant les données qui doivent être publiées. Le plus souvent, les entreprises s’en remettent à leurs actionnaires, à leurs conseillers ou aux agences de notation ESG. Or, l’absence de modèle établi pose le risque que des données cruciales soient omises – ce qui est susceptible de se traduire par un mauvais score ESG.
Il existe également un problème d’échelle. Les grandes compagnies pétrolières, par exemple, sont capables de publier des rapports annuels de plus de 100 pages sur le développement durable, recourant à de grandes quantités de données et ressources humaines. En termes relatifs, cela pourrait pénaliser les entreprises plus petites et moins bien dotées, qui n’ont pas les moyens financiers d’employer une armée de spécialistes ESG pour collecter, rassembler et publier leurs indicateurs de durabilité. De manière involontaire, cela pourrait se traduire par la concentration de l’investissement durable au sein des grandes capitalisations.
Notations et plus encore
Les investisseurs ne doivent donc pas placer une confiance exagérée dans une approche qui semble simple à première vue. En bref, il n’existe pas de raccourci vers un investissement véritablement responsable. L’approche que nous privilégions consiste à intégrer l’analyse de durabilité dans le processus de construction de portefeuille, afin d’accorder aux enjeux ESG une place essentielle dès le départ.
Nous pensons qu’il est préférable d’intégrer l’analyse ESG dans toutes les équipes d’investissement, plutôt que de la cantonner à un département en particulier. Notre approche, qui inclut plus de 40 analystes crédit, se traduit par l’alignement d’environ 90 % des fonds éligibles en actions, obligations et multi-actifs sur les critères les plus stricts du Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR)[1].
La généralisation des notations ESG a fourni un outil qui permet aux investisseurs de sélectionner les entreprises « best-in-class ». Chez AXA IM, nous privilégions l’utilisation des notations MSCI, tout en cherchant à affiner les résultats via une analyse complémentaire. En d’autres termes, nous intégrons nos propres recherches dans ce système de notation de manière à élargir l’univers étudié et à corriger certaines incohérences. Selon nous, il existe une seule manière d’évaluer réellement les références ESG d’un émetteur : combiner la recherche qualitative et quantitative.
Si un gérant doute de la qualité d’une notation ESG, il peut demander à l’un de nos analystes ESG d’effectuer une étude approfondie, qui est ensuite soumise à un comité dirigé par les responsables de la recherche de différentes équipes. Ces derniers peuvent alors décider si un ajustement, à la hausse ou à la baisse, est justifié. Ce type d’environnement – où les notations sont prises en compte avec un regard critique – reflète la façon dont nous estimons que les investisseurs devraient traiter les données ESG.
Mesure des émissions
Examinons en détail la question du climat, qui s’avère particulièrement délicate. Sous l’influence des changements réglementaires, des souhaits de leurs membres ou de la dynamique du marché sur ce thème, les fonds de pension visent la décarbonation des portefeuilles. La question est de savoir comment gérer et mesurer ce processus.
Les émissions absolues constituent un excellent point de départ et seront la mesure finale de l’alignement d’un portefeuille sur l’objectif « zéro émission nette ». D’autre part, l’intensité carbone moyenne pondérée (la « WACI » : Weighted Average Carbon Intensity) permet de concentrer l’analyse sur le lien entre les émissions et un facteur courant, tel que le chiffre d’affaires. Enfin, la plupart des gens connaissent le concept d’empreinte carbone, qui permet aux fonds de pension de mesurer les émissions totales par million d’euros investi. Ces trois mesures ont le défaut de ne fournir qu’une vue figée dans le temps. Nous considérons toutefois qu’il est important de prendre du recul pour examiner la trajectoire carbone de chaque entreprise, tout en gardant une vue d’ensemble du portefeuille.
Pour ce faire, les investisseurs peuvent consulter les données de la Transition Pathway Initiative (TPI), une initiative mondiale lancée par des investisseurs, qui évalue l’état de préparation des entreprises à l’avènement d’une économie à faible émission de carbone. La TPI propose un outil prospectif, spécifique au secteur et disponible gratuitement. Son seul véritable inconvénient est qu’il ne s’intéresse qu’aux secteurs générant le plus d’émissions. En particulier, il ne couvre pas les services financiers, pourtant susceptibles de financer d’importants émetteurs.
Associer ce type de données avec les travaux de l’initiative Science-Based Targets (SBTi) fournit une image fiable de la manière dont une entreprise pourrait progresser à mesure que le monde se dirige vers l’objectif « zéro émission nette » (la SBTi vérifie les objectifs des entreprises par rapport aux objectifs climatiques de l’Accord de Paris, dans un plus grand nombre de secteurs que la TPI).
Avantages de l’engagement
L’alignement sur ces objectifs n’est toutefois qu’un aspect du problème, et il est essentiel que les gestionnaires d’actifs restent concentrés sur les objectifs financiers des portefeuilles de leurs clients. La Valeur exposée au risque climatique (CVaR) est un outil utile à cet égard (bien que son nom soit légèrement trompeur). Il s’agit en effet d’un outil d’analyse de scénario permettant de mesurer la baisse potentielle d’un portefeuille si les risques climatiques étaient pleinement pris en compte dès aujourd’hui. Les investisseurs peuvent utiliser la CVaR pour identifier les principaux facteurs de risque et mieux comprendre les impacts financiers potentiels. Toute augmentation de la tarification du carbone, par exemple, pourrait rapidement perturber les modèles économiques des entreprises fortement émettrices.
Cette approche globale reflète le besoin de combiner les mesures qualitatives et quantitatives. De manière évidente, toute évaluation de la viabilité des plans de réduction des émissions doit en partie reposer sur une évaluation de la qualité des dirigeants – leur capacité à tenir leurs engagements.
Une telle approche offre un avantage indéniable aux investisseurs déterminés à s’engager de manière ciblée. Cette facette de la gestion active ne peut être reproduite en utilisant une approche passive. Dans un monde où les objectifs ESG en général – et les objectifs climatiques en particulier – évoluent rapidement et sont parfois difficiles à définir, les investisseurs ont besoin d’une appréciation claire de la qualité des dirigeants, allant de pair avec une connaissance approfondie des données qui sous-tendront et définiront la performance ESG.
Les données qui guident l’investissement responsable se sont rapidement améliorées. Mais elles ne sont pas parfaites. Dans le domaine ESG, il existe encore relativement peu d’indicateurs susceptibles de rivaliser avec la simplicité des mesures financières pures. Cependant, les indicateurs disponibles permettent déjà aux gérants actifs et engagés de construire des portefeuilles visant à se protéger contre les risques ESG, à identifier des opportunités et à s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris.
Les données ESG utilisées dans le processus d’investissement reposent sur les méthodologies ESG fondées en partie sur des données de tiers, et dans certains cas établies en interne. Elles sont subjectives et peuvent évoluer dans le temps. Malgré plusieurs initiatives, le manque d’harmonisation des définitions peut rendre les critères ESG hétérogènes. Par conséquent, les différentes stratégies d’investissement qui ont recours aux critères et au reporting ESG sont difficiles à comparer. Les stratégies qui intègrent les critères ESG et celles qui intègrent les critères de développement durable peuvent utiliser des données ESG apparemment similaires, mais qui se distinguent du fait de l’éventuelle différence de leur méthode de calcul.
[1] https://www.axa-im.com/axa-im-announces-90-aum-classified-articles-8-9-…
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Les données ESG utilisées dans le processus d’investissement reposent sur des méthodes ESG s’appuyant en partie sur des données de tiers, et qui sont dans certains cas développées en interne. Elles sont subjectives et peuvent changer au fil du temps. Malgré plusieurs initiatives, l’absence d’harmonisation des définitions peut rendre les critères ESG hétérogènes. Ainsi, les différentes stratégies d’investissement s’appuyant sur les critères ESG et le reporting ESG sont difficiles à comparer entre elles. Les stratégies intégrant des critères ESG et celles qui incluent des critères de développement durable peuvent s’appuyer sur des données ESG qui semblent similaires, mais qui doivent être distinguées car leur méthode de calcul est potentiellement différente.
La catégorisation des produits est fournie sur la base du règlement européen (UE) 2019/2088 sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (« règlementation SFDR ») et sur la base des connaissances au moment de la création du présent document. A ce jour, les normes techniques réglementaires liées à SFDR ne sont pas encore finalisées et restent soumises à la validation formelle de la Commission européenne, du Parlement européen et du Conseil. En outre, il pourrait y avoir des indications supplémentaires concernant l'interprétation du règlement SFDR. Nous surveillons étroitement l’évolution de la réglementation et la catégorisation des produits sera réévaluée une fois que ces normes techniques règlementaires seront publiées et pourra être amenée à évoluer.
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