Les notations ESG ordinaires évaluent principalement les performances des entreprises en matière de développement durable. Mais l’inconvénient est que cette évaluation est souvent subjective, explique Ben Corris, responsable des modèles et des données ESG chez Schroders.
En tant qu’investisseur, ce que l’on veut vraiment savoir, c’est la façon dont se traduit la somme de toutes les contributions positives et négatives d’une entreprise dans les domaines social, sociétal et environnemental. En d’autres termes, une entreprise apporte-t-elle une contribution positive et, le cas échéant, quelle est son importance ? Avant de pouvoir le déterminer, il convient de bien comprendre tous les coûts et avantages, ainsi que les facteurs qui ne sont généralement pas pris en compte tels que les effets positifs sur la santé publique (pour les fabricants de médicaments), la pollution de l’air (pour l’industrie lourde) ou la facilité de réutilisation de certaines matières premières.
Le changement climatique, les inégalités sociales et d’autres défis exercent une pression sur les entreprises mondiales pour qu’elles assument des coûts qui ne leur étaient pas attribués auparavant. Mais ces nouvelles configurations s’accompagnent d’une augmentation du risque d’investissement associé à des modèles d’entreprise qui ne sont pas durables. La mesure de ces coûts et rendements externes (également connus sous le nom d’externalités) constitue un outil puissant pour comprendre les résultats en matière de durabilité et maîtriser les risques d’investissement. On entend par externalités les coûts non compensés ou les pertes subies par des tiers du fait d’une activité économique.
Schroders a développé son propre modèle, SustainEx, qui lui permet d’appliquer une vision quantitative et globale des externalités d’une entreprise ou d’un pays et du profil de risque qui en découle, de façon à prendre en compte les effets positifs et négatifs. Cela peut conduire à des décisions d’investissement plus éclairées en matière de durabilité. Mais… comment un tel modèle a-t-il vu le jour ?
Le point de départ du SustainEx de Schroders a été d’identifier les externalités matérielles (positives et négatives) que les entreprises et les pays ont à l’égard de la société. Schroders utilise son modèle de parties prenantes comme cadre, en se concentrant sur celles avec lesquelles les entreprises et les pays interagissent : les consommateurs, les communautés, les employés, les gouvernements et l’environnement.
Lorsque Schroders a lancé l’outil en 2018, on espérait initialement s’appuyer sur les travaux existants dans ce domaine — mais il y avait peu d’analyses qui identifiaient ou mesuraient les externalités des entreprises. Les externalités identifiées par Schroders comme pouvant être utilisées dans SustainEx sont basées sur sa propre analyse, qui utilise autant que possible les cadres existants, notamment les objectifs de développement durable des Nations Unies et l’initiative The Economics of Ecosystems and Biodiversity (économie des écosystèmes et de la biodiversité).
Les critères retenus par Schroders sont les suivants :
- quantifiable : les coûts et les avantages doivent pouvoir être objectivement mesurés et comparés.
- attribuable : l’impact doit pouvoir être attribué de manière significative aux entreprises et/ou aux pays.
- publique : une comparaison doit être possible entre les entreprises ou les pays du monde entier.
- transparent : les utilisateurs doivent pouvoir en comprendre le sens.
Le modèle de Schroders ne prenait initialement en compte que les entreprises. En 2020, le modèle a été étendu aux pays. En traitant à la fois les entreprises et les gouvernements dans un cadre cohérent, le modèle fournit une analyse intégrée et complète des différents types d’actifs, y compris les actions, les fonds immobiliers, les obligations d’entreprise et les obligations d’État.
L’évaluation du groupe de référence de l’entreprise ou du pays est importante car le profil de durabilité du groupe de référence peut varier considérablement en fonction du secteur d’activité et de la géographie. Une analyse du groupe de pairs basée, par exemple, sur le secteur d’une entreprise ou sur l’interrelation entre les économies développées et émergentes, permet d’identifier les sources potentielles de risque au sein des secteurs, des régions ou au niveau du portefeuille.
SustainEx a pour but de fournir une évaluation complète et objective à partir de laquelle un large éventail d’investisseurs de toutes les catégories d’actifs peuvent se faire une idée des risques futurs en matière de développement durable.
Comment Schroders utilise-t-il le modèle dans ses investissements ?
L’analyse fondamentale de Schroders et d’autres outils exclusifs aident le gestionnaire d’actifs à comprendre les risques d’investissement, la manière dont les entreprises et les pays les gèrent et leur trajectoire de transition vers un modèle plus durable. Cet outil aide Schroders à.....
- lier directement les externalités aux attentes de Schroders concernant les performances financières et les risques d’une action ou d’une obligation spécifique, et à les intégrer dans ses processus d’évaluation et de construction de portefeuille.
- fournir une meilleure compréhension et une plus grande transparence des facteurs et des sources d’externalités, et à identifier les domaines clés d’amélioration ou les opportunités pour une entreprise.
- tracer les externalités jusqu’aux points de données brutes qui les sous-tendent. Nous pouvons ainsi vérifier l’exactitude et la fiabilité de l’analyse de Schroders.
- générer des idées sur les thèmes clés qui sous-tendent les résultats de l’analyse et à retracer ces idées jusqu’aux points de données concrètes sous-jacents.
Lire aussi :